Il m’est arrivé d’entrer en réunion avec un nouveau client, confiant et tout sourire, pour parler de l’accessibilité de son site web. Et très souvent, la conversation commence par une phrase que je redoute : « C’est bon, on a déjà réglé l’accessibilité, on a installé une fonctionnalité  » – parfois le mot utilisé est : option d’accessibilité, élément, du code …

À ce moment-là, je sais que le travail va être autant pédagogique que technique !

On parle de quoi au juste ? d’une surcouche d’accessibilité ?

Une surcouche (ou accessibility overlay) est un outil tiers, souvent intégré au site par une simple ligne de JavaScript, qui promet de rendre un site accessible automatiquement. Elle ajoute un petit bouton en haut de page qui permet d’augmenter la taille du texte, changer les contrastes, naviguer au clavier ou activer une synthèse vocale. Sur le papier, c’est séduisant. Pas besoin de modifier le site, ni de former ses équipes, ni de faire un audit complet. La promesse est simple : accessibilité instantanée.

Une mise en conformité simple, peu onéreuse, qui réduit les risques juridiques et répond aux enjeux d’inclusion. Mais malheureusement… c’est loin d’être le cas.

Les surcouches ne corrigent pas le problème… Alors que font-elles ?

  1. Elles ne corrigent pas le code source. La surcouche agit en surface. Elle ne touche jamais aux fondations du site. Si votre HTML est mal structuré, si vos images porteuse d’informations n’ont pas de texte alternatif, si vos formulaires sont mal étiquetés ou si l’ordre de tabulation est incohérent, la surcouche ne corrigera rien en profondeur. 
  2. Elles peuvent perturber les technologies d’assistance. Les personnes en situation de handicap utilisent leurs propres outils : lecteurs d’écran, plages braille, commandes vocales, etc. Ces outils sont personnalisés, précis, souvent très techniques. Une surcouche vient ajouter une couche d’interaction non désirée, qui peut interférer avec les réglages de l’utilisateur, voire rendre la navigation impossible.
  3. Elles donnent une fausse impression de conformité. La réalité, c’est que ces outils ne passent pas les audits d’accessibilité. Et ils n’empêchent pas les actions en justice.
  4. Elles doublonnent les fonctionnalités des navigateurs tels que Google Chrome, Firefox ou Edge, qui offrent déjà des fonctionnalités d’accessibilité intégrées. 

Ce que beaucoup oublient : l’accessibilité, c’est d’abord humain

Derrière chaque clic, chaque formulaire, chaque menu déroulant, il y a une personne. Et cette personne peut être aveugle, sourde, malvoyante, dyslexique, atteinte de troubles cognitifs, ou tout simplement âgée. Rendre un site accessible, ce n’est pas cocher une case. C’est permettre à ces personnes d’avoir accès aux mêmes informations, aux mêmes services, avec la même autonomie que n’importe qui.

Ce n’est pas un « mode accessibilité » qu’on active. C’est une conception inclusive, intégrée à la base.

Que faut-il faire à la place ?

Quand mes clients me demandent : « OK, on a compris… alors on fait quoi ? », voici mes recommandations :

  1. Faire un audit complet
  2. Corriger le site à la source : Travailler sur le HTML, les balises ARIA, la navigation au clavier, les contrastes, la hiérarchie des titres, etc. Ce sont des fondations solides qui assurent une accessibilité réelle.
  3. Former les équipes : Tout le monde doit connaître les bases de l’accessibilité. C’est un réflexe à cultiver.
  4. Tester régulièrement : Pas seulement avec des outils automatiques, mais aussi avec des lecteurs d’écran, des navigateurs variés, et surtout des utilisateurs en situation réelle.
  5. Inclure l’accessibilité dès la conception : Ne pas attendre la fin du projet pour « ajouter » l’accessibilité. Elle doit être pensée dès le début, intégrée dans le code, et vérifiée à chaque étape.

Conclusion : choisir la voie longue… mais juste

Oui, c’est plus long. Oui, c’est parfois plus coûteux que d’ajouter un simple widget. Mais c’est la seule voie durable, respectueuse, inclusive. La surcouche vous promet une solution rapide. Moi, je vous propose une solution sincère. Et surtout : une solution qui respecte vos utilisateurs. Tous vos utilisateurs.